lundi 21 décembre 2015

BONNES FETES !



marché de Noël
de la choucroute alsacienne
sur le stand breton

rudes fins de mois
les pères Noël
se multiplient

 accrochés aux toits
des pères Noël détrempés
sont-ils vaccinés ?

leur lettre au Père Noël
il gobera encore
qu'ils ont été sages


 veille de Noël
hérons, pique-bœufs, aigrettes
font herbe commune



bientôt minuit
le Père Noël en plastique
se dégonfle


JOYEUSES FÊTES A TOUTES ET TOUS ! 

**

mercredi 9 décembre 2015

HAÏKUS DU TRAIN

l'attente au quai
un vent de brouillard
transperce ma veste

lent démarrage
le dong dong des roues
sur une voie d'ombre

cheminées d'usine
des arbres dépouillés bornent
la vie des ouvriers

mon regard baladeur
d'un voyageur à l'autre
que des yeux clos

comme une cloque
ce château d'eau dans le ciel
odeur de café

l'heure des écoliers
de la fenêtre du train
plonger dans leur cour

09h:23 58
à la pendule de la gare
le compte à rebours

signal sonore
la porte se referme
sur d'autres visages

un clocher à la vitre
sa silhouette précise
sur un monde en fuite

premières éoliennes
lentement elles évacuent
un reste de nuit


**


De Marcel Peltier :

Un seul train
dans la nuit profonde,
et plus rien.


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De Magyar  :


wheels screech
as the night train changes tracks
a cat fight


le miaulement des roues
quand le train change de voie
combat de chat

(Traduction D. D.)

** 

De Yanis Petros :

sur les rails
paupières mi-closes
mon esprit déraille
j'en suis tout chose 


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dimanche 15 novembre 2015

KUKAÏ BRETON



novembre profond
tard dans la nuit leur message
"en sécurité"

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KUKAÏ BRETON : VANNES : SAMEDI 14 NOVEMBRE 2015. INVITÉE D'HONNEUR : ANNIE-CLAUDE PRUD'HOMME, HAÏJIN QUÉBECOISE RÉSIDANT A RIMOUSKI.
Nous étions 11participant.es, + 1 spectatrice, + 1 auteure fantôme.
Après quelques instants d'échanges consacrés aux événements dramatiques de la nuit (Annie-Claude avait apporté des fleurs pour remettre un peu de gaîté aux cœurs), nous avons ouvert ce premier kukaï de la rentrée.
Annie-Claude a d'abord présenté son recueil de haïkus, "Déjeuner à la pointe"*, publié aux éditions Tire-Veille, fin 2015.
* Pointe de Rimouski (Bas-St-Laurent, Québec)

"vent du nord
le capitaine à la barre
aussi droit que le mât"

Puis plusieurs haïjins ont lu leurs haïkus, en écho aux siens.

Enfin, a eu lieu le kukaï proprement dit.

Un aperçu de nos créations :

4 voix :
Ressac
la mer emporte avec elle
le bruit des galets
(Florence​)

3 voix
plage disparue
le vent chargé d'embruns
brouille mes verres
(Bikko​)


la dernière feuille
reste accrochée à la branche -
l'amie sauvée
(Chantal)


déclin du jour
sur le silence des algues
le cri d'un canard
(Danièle)

Mer miroir
en quête de jeunesse
le vieux marin
(Laodina ?)

matin d'errance ~
retrouver la confiance
au bras du vent
Fran​)

2 voix
messages éphémères
le vent du large nous apporte
des flocons d'écume
(Michel D.)

Rires effacés
les balles ont éclaté
un grand vide
(Michèle)

route de l'Anildut
sous les nuages noirs
un pied-de-vent*
*rayon de lumière sous les nuages (Acadie)
(Annie-Claude)

Bourrasques rincées
Contre vents et marées
Reste un vantard
(Steph​)

voiliers au grand vent
deux femmes face à l'horizon
réajustent leurs voiles
(Annie-Claude)

A la fin du kukaï, Annie-Claude a dédicacé "Déjeuner à la pointe".


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lundi 2 novembre 2015



jour de Toussaint
pour tout bruit
le vent dans les pins

jour de Toussaint
les feuilles mortes
dans toute leur splendeur

jour de Toussaint
de ma fenêtre
les eaux dormantes


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Magyar

 count saints
as they fly within our sky
this flock


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Marcel

 
Jour des morts,
le cimetière dort
et respire.


Pas une âme,
tout est oublié
~ eux aussi.


Les fleurs meurent
aussi sur les tombes,
mon angoisse.



Passage,
migration de nos vies
vers le néant.


**

Colo

Vie dans le ciel,
Fin de vies sur terre,
Pour les feuilles dorées.


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Bill

heavy traffic
on the highway
all souls




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Monique

Jour de Toussaint
le crocus que je croyais
disparu


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mardi 20 octobre 2015






soleil sur la dune
la fleur du fenouil marin
devient papillon

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vendredi 16 octobre 2015

Au bout de l'index



Au bout de l'index : Haïkus bilingues français-kréol Haïkuloriages..


Une petite merveille de Monique Mérabet, publiée aux éditions L'iroli, septembre 2015. 

Illustrations : Irène Dulac

Les enfants adorent !


Au bout de l'index
je promène un papillon
aux ailes mouillées

Son zèl toute mouyé
Papiyon i bate karé
Oboute mon lindèks


La boue du chemin
Un petit crapaud surpris
Face à mes baskets

Lo santié la bou
Vizavi mon pèr baskète
Krapo lé sezi

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mercredi 30 septembre 2015

Super lune





réveillée trop tard
pour décrocher la lune
je pèle une orange


J'espère que d'autres auront eu plus de chance !

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samedi 19 septembre 2015

vendredi 11 septembre 2015

vendredi 4 septembre 2015

mercredi 8 juillet 2015

ALSACE



canicule
juste un liseré d'ombre
au bord des toits

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dimanche 21 juin 2015

Buto/haïku



sur le chemin
cet homme en chapeau
attendant quoi

Butô/haïku à Séné (56), Médiathèque Grain de sel et Association ni plus ni moins


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lundi 15 juin 2015

INSECTES





cœur de capucine
du muret de pierres sèches
surgit un lézard

la voix éperdue
d'un grillon dans la bruyère
Baie des Trépassés

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mercredi 13 mai 2015

Histoire de mouche

nuit sans lune
la mouche qui me harcèle
sait-elle que je travaille ?


la mouche la mouche
et dans mon ordinateur
ce virus !

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vendredi 1 mai 2015

Les "grelots"




HAÏBUN LIÉ


Thème : le cri

Par Danièle Duteil et Monique Mérabet



Les « grelots »


Je marche depuis longtemps. Le soleil, à son zénith, chauffe les bourrelets de lave. La mer déploie de gros rouleaux turquoise propulsés en gerbes d’écume vers un ciel sans nuages. Long fracas, suivi d’un calme relatif.
Encore quelques photos, en rafales, pour mieux fixer l’instant.

J’ai soif. Mes cheveux sont poisseux. Mes semelles collent à la roche brûlante. Une nouvelle fois, je trébuche.

Là, au loin, entre deux rochers, le paille-en-queue ! Il se dirige vers moi. Non, pas un, deux paille-en-queue. Quelle grâce ! Ce cri… Est-ce le leur qui domine le tumulte des flots ? Ils volent si haut ! Pour les atteindre, zoomer au maximum, zooOO… 

Rencontre cuisante
ah ! un instant se reposer
sous les filaos

(D. D.)


Ne rien dire au chat
dans le silence des feuilles
la chipèk assise


La chipèk, la sauterelle, s’envole dans mon rêve. Ah ! Ça vole, donc, une sauterelle ?

La voilà qui se pose sur moi, juste au creux de mon cou. A priori, rien d’effrayant. Je ne suis pas herbe tendre de la dernière pluie ; je ne suis pas limbe-chlorophylle.
Mais la voix, en sourdine… celle du chat peut-être ? me souffle qu’il est impératif de la chasser, cette entité, devenue maléfique, ce vampire accroché à ma chair.
Gestes de la main, contorsions. Mes doigts agrippent une patte chitineuse, un peu coupante.
Je tire et la bête résiste. J’ai l’impression de lutter contre un ectoplasme élastique qui m’aspire, qui va me faire basculer du mauvais côté de la nuit…
Déjà, la désorientation, le sentiment désagréable que mon oreiller se trouve maintenant au pied du lit. Je ne veux pas y aller ! Jamais !
Mon hurlement silencieux (ne pas réveiller la maisonnée, surtout !) me fait émerger du périlleux vavangaj* ; j’occupe la diagonale du lit…
Je me retourne. Rendormie.

*vavangaj : vagabondage, errance

(M. M.)



– « Froissez la feuille en fermant les yeux et respirez à fond »,
conseille-t-il. Le parfum capiteux du géranium rosat envahit mes narines, je reprends mes esprits.

Longtemps après, à maintes encablures de ces lieux, l’essence odorante demeure accrochée à mes doigts.

« Mare-Longue », signale une balise au bord du sentier forestier. Le chemin s’enfonce au cœur d’une végétation séculaire.

Fraîcheur relative, sous la canopée. De ces oiseaux inconnus seuls les chants parviennent à mes oreilles. Impossible de les apercevoir à travers l’épaisseur des hauts feuillus. Je me réjouis des noms pittoresques inscrits sur les petites pancartes : « bois de pomme » aux énormes racines, « joli cœur » aux senteurs de carotte... Partout, un enchevêtrement de lianes. Et toujours ces oiseaux qui semblent me narguer de leurs sifflets mystérieux.

La boucle de randonnée s’achève au milieu des fougères dressées dans l’obscurité naissante. Vite, regagner la côte en traversant les vastes plantations.

Plus un seul bruit de machette. Les ouvriers agricoles ont rejoint le logis. Dans l’ombre, les tiges ploient sous le vent marin, mais l’air est encore lourd. À  l’horizon, le soleil finit de descendre. Il met un temps fou à sombrer dans l’Océan.

Nuit tropicale
la longue plainte des criquets
dans les champs de canne

(D. D.)


Je pense aux grelé, aux grelots comme disait mon père pour désigner cette espèce de grillon champêtre. La langue créole se plaît à jouer avec les mots du français, à les embellir d’une image, d’une assonance, d’une résonance.

Soir de novembre. J’écoute les grillons. Ils s’étaient tus depuis trop longtemps. À  quoi ressemblent-ils déjà ? Je ne sais plus trop. Ils ne sont pas faciles à repérer au jardin, ces champions du camouflage couleur de terre. Peut-être cette bestiole noire au corps arrondi, venue se noyer dans un bol ?
Je ne les vois pas. Mais je les entends en ces nuits des prémices d’été. Il me plaît de me dire qu’ils sont arrivés chez moi, la citadine, enrobant quelque plant, quelque bouture prélevés aux parterres familiaux. Qu’ils m’ont été transmis en héritage.
Leur grésillement fait naître mille étoiles en mon cœur. Vibration qui me ramène aux jardins créoles de l’enfance, aux champs de canne à sucre arpentés avec mon père.
Souvenirs.

Et l’écho que m’apportent les amis de passage : un autre regard, d’autres mots pour dire l’île natale, pour capter les infimes murmures qui ont tissé mon âme, qui l’ont intimement liée au caillou de basalte arrimé en plein océan.
J’écoute les chants du temps longtemps, du temps passé, de la journée qui finit en bref crépuscule.
Cependant que le monde se passionne pour une traînée de poussières de l’espace, pour un chimérique enregistrement de sons venus d’ailleurs.

Passage de comète
Les radios transmettent
Un gargouillis de robot

L’orbiteur a pour nom Philae. Il est « intelligent », nous clame-t-on.
Entendra-t-il le chant des étoiles ? Comptera-t-il les petits cailloux de l’astéroïde ? Sait-il que tout tourne dans une valse cosmique perpétuelle et qu’il tourne avec elle ?

Y a-t-il des grelé sur la comète 67 P ?






Danièle Duteil (D. D.) / Monique Mérabet (M. M.)

 publié dans le journal de l'AFAH, "L'écho de l'étroit chemin" n° 16, mars 2015
letroitchemin.wifeo.com